Dans un rapport publié dans la revue The Lancet, des chercheurs plaident pour un régime alimentaire réduisant la viande au profit d’un régime riche en plantes, fruits, légumes, noix et graines complètes.
Quelle pourrait être une alimentation saine issue d’une production durable capable de nourrir plus de dix milliards de personnes sur terre d’ici 2050? Telle est la question à laquelle 37 scientifiques experts dans toutes sortes de disciplines (santé publique, agriculture, science politique, environnement…) issus de 16 pays tentent de répondre dans un rapport publié ce 17 janvier dans The Lancet, en collaboration avec la fondation EAT qui travaille à la transformation du système alimentaire.
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Le constat qu’ils effectuent est aujourd’hui très alarmant en matière de santé. «Alors que la production alimentaire mondiale de calories a généralement suivi le rythme de la croissance démographique, plus de 820 millions de personnes n’ont toujours pas accès à suffisamment de nourriture quand 2,4 milliards de personnes surconsomment, et le régime alimentaire d’environ la moitié de la population mondiale présente des carences en nutriments» assurent ainsi les experts. Ils ajoutent: «désormais un régime alimentaire malsain représente un risque plus élevé de morbidité et de mortalité prématurées que celui causé par la somme des pratiques sexuelles non protégées, de l’alcool et de la consommation de tabac» .
Des déséquilibres néfastes pour notre santé et pour la planète
Et pour les experts, ce système alimentaire néfaste et déséquilibré représente aussi un risque pour l’environnement et notamment le climat. «Sans action le monde risque de ne pas atteindre les objectifs de développement durable et ceux de l’accord de Paris pour le climat», insistent-ils. L’accord de Paris vise à limiter à 2°C l’augmentation des températures mondiales d’ici la fin du 21e siècle. Selon les Nations unies, l’élevage contribue pour plus de 15% aux émissions totales de gaz à effet de serre et est un facteur important de déforestation.
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Si le constat des chercheurs n’est pas complètement nouveau, il confirme ce que beaucoup d’études décrivent et notamment: «qu’un régime riche en plantes, fruits, légumes, noix graines complètes et contenant une plus petite proportion d’aliments d’origine animale confère à la fois des avantages pour la santé et pour l’environnement». Concrètement ils préconisent un doublement d’aliments «sains» et parallèlement une réduction de plus de 50% de la consommation d’aliments «moins sains» tels que les sucres ajoutés et la viande rouge.
Du côté des pratiques agricoles, ils suggèrent qu’elles visent à «améliorer la biodiversité plutôt qu’à uniquement augmenter le volume d’un faible nombre de cultures». Selon eux cela implique de mettre en place une stratégie pour exempter de toute culture la moitié des terres. Cela suppose également une bien meilleure utilisation des engrais de l’eau du phosphore. Enfin, ils plaident pour une réduction «de 50% des pertes et du gaspillage alimentaire».
Un lundi vert, sans viande
Ce rapport fait écho à la tribune signée début janvier par quelque 500 personnalités dans le journal le Monde pour soutenir la mise en place d’un «lundi vert». Ce mouvement qui existe désormais dans une quarantaine de pays sous l’intitulé «meatless monday» vise à inciter les personnes à ne plus manger de viande ou de poisson le lundi ou, à défaut, un jour par semaine et de les remplacer par des protéines végétales. «La campagne Lundi vert vient d’être lancée», précise le professeur Laurent Bègue, chercheur au CNRS et directeur de la Maison des Sciences de l’Homme-Alpes à Grenoble, qui a mis en place un questionnaire pour tous ceux qui sont prêts à suivre cette recommandation. L’idée est bien sûr d’en tirer des enseignements dans le cadre de travaux scientifiques. «Ce genre de modification du comportement alimentaire ne peut être que progressive» souligne le scientifique. Il sait pouvoir compter d’ores et déjà sur une cohorte d’au moins 20.000 personnes déjà inscrites sur le site lundi-vert.fr. Si la consommation de viande a diminué en France de près de 12% en 10 ans la consommation mondiale suit le chemin inverse avec une progression de 2,3% par an sur la même période.