Ces plaintes interviennent dans le cadre d’une campagne de tests urinaires dont les résultats ont montré une forte présence de l’herbicide.
C’est une nouvelle attaque contre le glyphosate. Quarante-cinq plaintes pour «mise en danger de la vie d’autrui» ont été déposées ce mercredi au TGI de Toulouse. Une action menée dans le cadre d’une campagne de test des taux de cet herbicide dans l’urine partie de l’Ariège. «Plus il y a de plaintes, plus le dossier sera important et sérieux», a indiqué à l’AFP l’avocate toulousaine Claires Dujardin, venue représenter quelques plaignants.
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Selon Jacques Dandelot, l’un des animateurs de la campagne toulousaine «J’ai du glyphosate dans les urines et toi?», «entre 200 et 300 personnes ont déposé plainte, ou sont en train de déposer plainte, en France» dans le cadre d’une mobilisation entamée en juin dernier contre l’usage de cet herbicide controversé. Les plaintes déposées mercredi contre «toute personne» impliquée dans la diffusion de ce produit portent également sur des faits «de tromperies aggravées et atteinte à l’environnement». Elles ont vocation à être centralisées avec les autres déjà déposées en France au pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris, a précisé Me Dujardin.
Les plaignants présents au palais de justice de Toulouse, une trentaine, ont posé sur les marches du palais en brandissant chacun le taux de glyphosate retrouvé dans leurs urines. Parmi eux, un jeune couple, Violette et Julien, affiche des taux disparates, de 0,92 nanogramme de glyphosate par millilitre de sang pour elle et 2,08 pour lui. «On mange la même chose le soir et au petit-déjeuner, mais moi le midi je déjeune à la cantine de mon boulot», précise Julien qui affirme se fournir le reste du temps en nourriture bio. Pierre, 71 ans, un ingénieur agronome à la retraite, qui affiche un taux de 1,39, s’indigne d’une «contamination scandaleuse».
Une série d’actions en justice
Ce n’est pas la première fois que le glyphosate est la cible de plaintes dans le cadre de cette action née dans l’Ariège. En octobre, une cinquantaine de plaintes avaient été déposées devant le tribunal de grande instance de Foix pour dénoncer le taux de cet herbicide contenu dans l’eau potable. Ces recours en justice faisaient suite à près de 150 tests urinaires réalisés dans plusieurs départements et initiés par l’association «Campagne glyphosate». Comme pour Toulouse, les résultats avaient révélé dans la majorité des cas un taux de glyphosate supérieur à la limite autorisée par l’Europe, comme le soulignait Dominique Massé, co-président et co-fondateur de l’association. Les plaintes visaient majoritairement des instances européennes comme la Commission européenne, le comité d’appel de cette dernière, ou encore l’autorité européenne de sécurité des aliments (l’EFSA). Un mois plus tard, vingt-deux personnes, membres des Faucheurs volontaires, avaient eux aussi porté plainte pour «mise en danger de la vie d’autrui» devant les tribunaux de Quimper, Lorient et Saint-Brieuc. Ils dénonçaient également une présence anormalement élevée de l’herbicide dans leurs urines.
Face aux nombreuses critiques, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, avait qualifié, mi-janvier, «d’inquiétante» la présence de glyphosate dans les urines des Français», rappelant que la France s’est engagée à sortir du glyphosate d’ici à 2021. Ce désherbant «à large spectre» a été classé comme «cancérogène probable» en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais en novembre 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) estimait «improbable» qu’il présente un danger cancérogène pour l’homme, et l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) est allée dans le même sens en 2017.