Un rapport parlementaire qui promet d’être explosif sera dévoilé jeudi. Pierre Médevielle, sénateur de Haute-Garonne, a confié à la Dépêche du Midi les conclusions de cette enquête et affirme que le principe actif du Roundup fabriqué par Monsanto est «moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge».
Le débat sur les conséquences du glyphosate sur la santé est loin d’être tranché. Un rapport parlementaire explosif qui sera dévoilé ce jeudi pourrait d’ailleurs le relancer. Alors qu’une large majorité de Français réclament son interdiction (81% des personnes interrogées par Odoxa estiment qu’il faut «interdire le glyphosate»), un rapport de sénateurs qui sera publié jeudi estime qu’aucune «étude scientifique ne prouve formellement sa cancérogénicité, ni en France, ni en Europe ni dans le monde», confie Pierre Médevielle, sénateur de Haute-Garonne, dans un entretien à La Dépêche du Midi . Le parlementaire centriste ajoute: «A la question: Le glyphosate est-il cancérogène, la réponse est non! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites».
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L’élu dévoile ainsi les grandes lignes de l’enquête menée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur le glyphosate qu’il copréside. Le rapport a été commandé par les commissions des Affaires économiques et du développement durable pour établir la nature cancérogène ou non du principe actif du Roundup fabriqué par Monsanto.
Leurs conclusions vont dans le sens d’une récente publication de l’agence américaine de protection de l’environnement. Le 30 avril dernier, l’institution a déclaré que le glyphosate n’était pas cancérigène pour l’être humain. «L’EPA continue de constater qu’il n’y a pas de risques pour la santé publique lorsque le glyphosate est utilisé dans le respect des normes et que le glyphosate n’est pas cancérigène», écrit l’agence dans un communiqué. Elle recommande cependant de nouvelles mesures d’utilisation pour réduire son risque environnemental et notamment l’impact de l’herbicide sur les insectes pollinisateurs.
Des conclusions loin de faire l’unanimité
Ces conclusions vont toutefois à l’encontre des dernières décisions de justice. De fait, la justice américaine a récemment reconnu à nouveau le rôle du désherbant dans le déclenchement du cancer d’Edwin Hardeman. Le septuagénaire californien estime que son utilisation régulière du désherbant Roundup de Monsanto pendant près de trente ans est responsable de son lymphome non-hodgkinien. En août 2018, un tribunal de l’État de Californie avait déjà condamné la firme Monsanto à verser 289 millions de dollars (253 millions d’euros) à Dewayne Johnson, un jardinier atteint du même lymphome, jugement dont Bayer a fait appel.
La molécule avait en outre été classée en 2015 comme probablement cancérigène par le Comité international de recherche sur le cancer (CIRC), une émanation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’avis avait toutefois été critiqué par une partie de la communauté scientifique.
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Au sein de la sphère politique, les déclarations du sénateur Pierre Médevielle sont également loin de faire l’unanimité. Nathalie Loiseau, tête de liste La République En Marche, affirme qu’un «sénateur nous dit qu’il vaut mieux le glyphosate que le saucisson… Je trouve cela un petit peu léger». De son côté, le député européen Europe Ecologie les verts, José Bové, évoque auprès de La Dépêche du Midi un «révisionnisme environnemental» venu des États-Unis: «Quand certaines personnes affirment que le glyphosate n’est pas dangereux, c’est comme celles qui prétendent que le réchauffement climatique est un fantasme. Ce discours ne tient pas la route».
En Europe, la France, la Hongrie, les Pays-Bas et la Suède sont chargés d’évaluer l’herbicide. Ils doivent rendre un rapport en juin 2021.