FOCUS – 6 à 7 millions de morts liés à la pollution de l’air, diminution des populations de vertébrés de 60%, 8 millions de tonnes de déchets plastiques déversées chaque année dans les océans… Nous faisons le point sur les chiffres alarmants à retenir d’un rapport de l’ONU publié mercredi.
Un quart des morts prématurées et des maladies à travers le monde sont liés aux pollutions et aux atteintes à l’environnement causées par l’Homme. C’est l’une des constatations mise en avant par l’ONU dans un rapport sur l’état de la planète publié mercredi. Ce rapport sur l’environnement mondial (Global Environment Outlook, GEO), sur lequel ont travaillé 250 scientifiques de 70 pays pendant six ans, souligne également un fossé grandissant entre pays riches et pays pauvres: surconsommation, pollutions et gaspillage alimentaire au Nord précipitent famine, pauvreté et maladies au Sud. Et alors que les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter, les dérèglements climatiques, comme les sécheresses ou les tempêtes, risquent de s’ajouter au fardeau de milliards de personnes.
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Le Figaro fait le point sur les chiffres marquants de ce texte publié pendant l’Assemblée générale du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) à Nairobi, et qui devrait alimenter le débat sur la question de la responsabilité des dommages causés à la Terre.
● 9 millions de morts liées aux pollutions environnementales
Dans ce domaine, l’Accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement à +2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère pré-industrielle. Mais les impacts sanitaires des pollutions, de la déforestation et d’une chaîne alimentaire industrialisée sont moins bien connus, et il n’existe aucun accord international sur l’environnement équivalent à celui de Paris sur le climat. Le rapport GEO publié mercredi, qui utilise des centaines de sources de données pour calculer l’impact de l’environnement sur une centaine de maladies, compile une série d’urgences sanitaires liées aux pollutions de toutes sortes.
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Des conditions environnementales «médiocres» sont responsables «d’environ 25% des morts et maladies mondiales», selon le texte, qui parle d’environ 9 millions de morts liées aux pollutions environnementales en 2015. Les effets sur la santé sont plus importants chez les personnes «vulnérables ou défavorisées du fait de leur âge (enfants et personnes âgées), de leur mauvais état de santé, de leur pauvreté et de leur origine ethnique», poursuit le texte.
Comment y remédier? «Des actions urgentes et d’une ampleur sans précédent sont nécessaires pour arrêter et inverser la situation», indique le résumé à l’attention des décideurs qui accompagne le rapport. Sans une réorganisation de l’économie mondiale vers une production plus durable, le concept de croissance pourrait devenir vide de sens face aux morts et aux coûts des traitements, estiment les auteurs.
● 1,4 million de morts faute d’accès à l’eau potable
Faute d’accès à l’eau potable, 1,4 million de personnes meurent chaque année de maladies évitables comme des diarrhées ou des parasites liés à des eaux contaminées. Les produits chimiques évacués en mer provoquent des effets négatifs sur la santé «potentiellement sur plusieurs générations», et 3,2 milliards de personnes vivent sur des terres dégradées par l’agriculture intensive ou la déforestation. Dans la plupart des régions du monde, «la qualité de l’eau s’est considérablement détériorée depuis 1990» en raison de «la pollution organique et chimique» causée par des «agents pathogènes, nutriments, pesticides, sédiments, métaux lourds, déchets plastiques et microplastiques, polluants organiques persistants, sels». En outre, environ 2,3 milliards de personnes, soit un tiers des habitants de la planète, «n’ont toujours pas accès à des services d’assainissement fiables».
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L’eau tient par ailleurs un «rôle essentiel» dans la propagation des maladies, «puisque des bactéries résistantes aux antimicrobiens sont maintenant présentes dans les sources d’eau potable traitée dans le monde entier». Quant à l’utilisation débridée d’antibiotiques dans la production alimentaire, elle risque d’entraîner la naissance de bactéries super-résistantes qui pourraient devenir la première cause de morts prématurées d’ici le milieu du siècle.
Comment y remédier? «Le message central est que si vous avez une planète en bonne santé, elle soutient non seulement la croissance mondiale mais aussi la vie des plus pauvres qui dépendent d’un air pur et d’une eau propre», indique Joyeeta Gupta, co-présidente du GEO. À l’inverse, un système en mauvaise santé cause des dégâts immenses aux vies humaines». L’étude note toutefois que la situation n’est pas irrémédiable, appelant notamment à la baisse des émissions de CO2 et de l’utilisation des pesticides.
● 6 à 7 millions de morts liées à la pollution de l’air
Le rapport estime aussi que la pollution de l’air cause 6 à 7 millions de morts prématurées chaque année. Concrètement, «les citadins des pays connaissant une urbanisation rapide sont les plus exposés à la pollution atmosphérique», ainsi que «les quelque 3 milliards de personnes qui doivent utiliser des combustibles tels que le bois, le charbon, les résidus de récolte, la bouse ou le pétrole lampant pour faire la cuisine, se chauffer et s’éclairer».
Comment y remédier? Le rapport recommande «des investissements dans l’accès à l’énergie, une intensification de la conception et de l’application d’améliorations de l’efficacité énergétique, des changements de mode de vie, une introduction plus rapide de technologies à faible émission de carbone». De même que «l’élimination accrue des émissions de gaz à effet de serre dues à l’exploitation des terres». Le gaspillage alimentaire pourrait également être réduit, alors que le monde jette aux ordures un tiers de la nourriture produite (56% dans les pays les plus riches). «Tout le monde dit que d’ici 2050 nous devrons nourrir 10 milliards de personnes, mais cela ne veut pas dire que nous devons doubler la production», insiste Joyeeta Gupta, plaidant notamment pour une baisse de l’élevage. Mais cela «entraînerait un changement des modes de vie», reconnaît-elle.
● Les populations de vertébrés ont diminué de 60%
Dans son rapport, l’ONU rappelle que la biodiversité «contribue à réguler le climat, épure l’air et l’eau, permet la formation des sols et atténue l’impact des catastrophes naturelles». Elle procure «du bois, du poisson, des récoltes, des services de pollinisation, des possibilités en matière d’écotourisme, des médicaments et des bienfaits pour la santé physique et mentale». Pourtant, cette étude rappelle que la planète connaît actuellement «un épisode majeur d’extinction d’espèces compromettant l’intégrité planétaire et la capacité de la Terre à répondre aux besoins des êtres humains». 42% des invertébrés terrestres, 34% des invertébrés d’eau douce et 25% des invertébrés marins sont considérés comme étant en danger d’extinction à l’heure actuelle. Entre 1970 et 2014, l’abondance des populations mondiales d’espèces de vertébrés a diminué de 60% en moyenne. Ce à quoi s’ajoute le «déclin abrupt de l’abondance des pollinisateurs».
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Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait: «l’altération, la régression et la dégradation des habitats ; les pratiques agricoles non durables ; la propagation des espèces exotiques envahissantes ; la pollution, y compris par les microplastiques ; la surexploitation, y compris l’abattage illégal du bois et le commerce illicite d’espèces sauvages».
● 8 millions de tonnes de déchets plastiques déversés dans les océans chaque année
«On trouve maintenant des déchets marins, y compris des plastiques et des microplastiques, dans tous les océans et à toutes les profondeurs», affirme le rapport. «Les apports de déchets plastiques dans le milieu marin, liés à la mauvaise gestion des déchets domestiques dans les zones côtières, s’élèvent à environ 8 millions de tonnes par an», poursuit le texte.
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Comment y remédier? Les experts de l’ONU plaident pour «une meilleure gouvernance» et «des changements comportementaux et systémiques». Si le nettoyage des plages et des côtes est nécessaire, «ces efforts ne doivent pas détourner l’attention des mesures visant à empêcher que les déchets n’atteignent l’océan», indiquent les auteurs.
(Avec agence AFP)