Une étude scientifique révèle qu’un régime alimentaire malsain représente un risque de mortalité plus élevé que celui causé notamment par l’alcool et le tabac.
Quelle pourrait être une alimentation saine issue d’une production durable capable de nourrir plus de dix milliards de personnes sur Terre d’ici à 2050? Telle est la question à laquelle 37 scientifiques, experts dans toutes sortes de disciplines, issus de 16 pays, tentent de répondre dans un rapport publié dans The Lancet , en collaboration avec la fondation EAT qui travaille à la transformation du système alimentaire.
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Le constat qu’ils effectuent est très alarmant en matière de santé. «Alors que la production alimentaire mondiale de calories a généralement suivi le rythme de la croissance démographique, plus de 820 millions de personnes n’ont toujours pas accès à suffisamment de nourriture, quand 2,4 milliards de personnes surconsomment, et le régime alimentaire d’environ la moitié de la population mondiale présente des carences en nutriments», détaillent les experts. Ils ajoutent: «désormais un régime alimentaire malsain représente un risque plus élevé de morbidité et de mortalité prématurées que celui causé par la somme des pratiques sexuelles non protégées, de l’alcool et de la consommation de tabac».
L’élevage, facteur de déforestation
Ce système alimentaire néfaste et déséquilibré représente aussi un risque pour l’environnement, et notamment pour le climat. «Sans action le monde risque de ne pas atteindre les objectifs de développement durable et ceux de l’accord de Paris pour le climat», qui vise à limiter à 2 °C la hausse des températures mondiales, insistent-ils. Selon les Nations unies, l’élevage contribue pour 15 % aux émissions totales de gaz à effet de serre et est un facteur de déforestation.
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Si le constat des chercheurs n’est pas complètement nouveau, il confirme ce que beaucoup d’études décrivent. Notamment «qu’un régime riche en plantes, fruits, légumes, noix, graines complètes et contenant une plus petite proportion d’aliments d’origine animale confère à la fois des avantages pour la santé et pour l’environnement». Concrètement, ils préconisent donc un doublement d’aliments «sains» et parallèlement une réduction de plus de 50 % de la consommation d’aliments «moins sains» tels que les sucres ajoutés et la viande rouge.
Du côté des pratiques agricoles, ils proposent qu’elles cherchent à «améliorer la biodiversité plutôt qu’à uniquement augmenter le volume d’un faible nombre de cultures». Selon eux cela implique de mettre en place une stratégie pour exempter de toute culture la moitié des terres. Cela suppose également une meilleure utilisation des engrais, de l’eau, du phosphore. Enfin, ils plaident pour une réduction «de 50 % des pertes et du gaspillage alimentaire ».